Chapelle de Bionnay

Deux fois, se remettre sur l’ouvrage

Situé à 950 mètres d’altitude sur la route qui mène au Piémont, par le col du Bonhomme, le hameau de Bionnay est l’un des plus importants de Saint-Gervais. Une première chapelle a été édifiée vers 1623 et le droit de patronage, c’est-à-dire de protection et d’entretien, a été confié à une famille du village, les Octenier, jusqu’à la Révolution française.

Elle est reconstruite par l’architecte piémontais Joachim Gualino entre 1775 et 1777. Il réalise aussi l’autel et le retable auquel est ajouté le tableau peint par l’artiste Decret, de Bonneville. Ce tableau représente l’Annonciation de la Vierge, scène biblique où l’Ange Gabriel vient annoncer à Marie qu’elle porte le fils de Dieu. L’Ange apparait dans les nuées portant un lys, signe de la virginité de la Vierge et accompagné de la colombe du Saint-Esprit. Il s’adresse à Marie, agenouillée, en attitude de prière et d’acceptation. La dévotion à la Vierge est une des grandes caractéristiques de l’époque baroque et on trouve donc sa représentation dans la majorité des chapelles et des églises.

Un épisode de l’histoire de la chapelle est particulièrement marquant : la nuit du 11 au 12 juillet 1892, un lac sous glaciaire du glacier de Tête Rousse s’est déversé dans la vallée, dévastant tout sur son passage et faisant de nombreuses victimes. Le hameau de Bionnay a été entièrement détruit à l’exception de la chapelle et de l’école.

Coup de coeur !

La chapelle de Bionnay. Sauvée des eaux !

“ C’était dans la nuit du 11 au 12 juillet 1892. Vers deux heures du matin, je me souviens avoir ressenti un courant froid me traverser. Le torrent du Bonnant était sorti de son lit. Puis, tout est allé très vite. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, on comptait 175 victimes. La coulée de boue avait emporté les thermes de Saint-Gervais Mont-Blanc, détruit une partie du hameau du Fayet et le hameau du Bionnay était rayé de la carte. A l’exception de l’école et votre serviteur, miraculeusement sauvés des eaux. Quelques jours plus tard, on apprenait que la catastrophe était due à l’écoulement soudain d’un lac sous-glaciaire, provenant du glacier de Tête-Rousse. Cela est arrivé il y a plus d’un siècle, et pas un jour ne se passe sans que je repense à ce terrible événement. Il faut dire que tous ceux qui passent à proximité ne manquent jamais une occasion d’en parler, me refaisant vivre cette nuit en boucle ”

Anecdote
François dit Fanfan, chemin faisant

“ Epargnée par le drame de 1892, la chapelle ne l’a pas été par les gosses du quartier, qui ont pris pour cible l’édifice toujours fermé. Il aurait peut être mieux valu qu’on leur autorise l’accès, car si j’en juge par mon expérience, bien que n’étant pas chrétien, cette chapelle m’a toujours remis dans le droit chemin … lorsque j’entamais la remontée de Bionnassay par le sentier du Crey. ”